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Caractéristiques Artistiques du Chant Soufi

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Caractéristiques Artistiques du Chant Soufi .

Le chant soufi se distingue par de nombreuses caractéristiques artistiques parmi lesquelles...

       
 1- La thématique des chants et des poèmes soufis: La thèmatique  est sélectionnée par d'illustres figures du soufisme au Maroc comme Ibn Al Farid, Chachtari, Al Jazouli, Moulay Abdessalam ben Mchich, sidi Mohamed ben Aissa, les Kettani, les Ouazani, les Tijani et d'autres. Certains de ces poèmes ont été composés dans un amalgame de langue arabe classique, dialectale et « Amazigh » comme les oeuvres de : 

  - Bahr Addoumou' du Cheikh Mohamed Ben Ali Al Houzali

  - Mandhoumat Al Asnaki et d'autres . Ainsi la parole soufie englobe prose et poésie. Cependant, les chantres n'interprètent que des poèmes. 

2- Le chant soufi est interprété dans une mélodie de la musique Andalouse et marocaine en chœur: Elle dénote une grande communion des adeptes. Adila'i, dans l'une de ses oeuvres, a réservé toute une conclusion aux nombreux modes de la musique andalouse :

  -Style inspiré de Al Hijazi Al Machriqi composé de vingt et une San'a ;

  - Style inspiré de Asbahane, en dix San'a ;
 
 - Style Gharibat Al Hussein et Sika en dix-neuf San'a ;

 - Style inspiré de Al Hijazi Al Kabir et Al Hissar en douze San'a .Les quatre dernières d'entre elles s'inspirent plutôt du style Iraq Al 'Ajam, suivies de quatre autres qui puisent dans Raml Adhayl puis quatre autres interprétées dans Tab' Arrasd.

 - Style d' Al Mcharqui Assaghir composé de sept San'a suivies de sept autres du style Al Istihlal. Ainsi, et selon Adila'i, le nombre de modes de la musique Andalouse adoptés par les soufis est de douze modes.  
       
3- Les danses sont une purification des âmes et des êtres: Pour les soufis, les danses auxquelles ils tiennent énormément sont les meilleurs moyens  de purifier les âmes et les êtres. Ces transes expriment aussi une nécessité de se détacher du monde matériel pour  s'élever dans un monde mystique, le monde des soufis.Ainsi, la danse , le chant et la musique deviennent des caractéristiques de l'art musical soufi.

Les danses soufies se caractérisent par leurs règles et pratiques tenues d'illustres personnalités soufies. Leurs forces et leurs rythmes varient d'une secte à l'autre. Par exemple, les danses des sectes de Darqawa, des Qacimi sont calmes et se limitent à des mouvements verticaux du corps et des membres. Par contre, Celles des Hmadcha et des 'Issawa sont très rythmées et se caractérisent par des mouvements soutenus du corps, des membres et des pieds.  

Pour certaines sectes, la danse se termine par un rythme très élevé accompagné d'un refrain prononcé à haute voix. Lors de ses séances de chants et de danses soufis, l'adepte entre parfois  dans une forme de transe qui le détache du monde matériel qui l'entoure.

4- Les instruments: En plus du chant et de la danse, de nombreux instruments à répercussion ont eux aussi contribué à distinguer les rythmes des sectes. Tabla chez les Kacimi, Daf et Tassa chez les Touhami, Tara chez les 'Issawa, Harraz chez les Haddaoui, Ta'rija et agwal chez les Hmadcha et bandir chez les Jilala. La variété des instruments à répercussion et leur utilisation systématique ont donné des mesures et des arrangements musicaux très complexes propres à chaque secte.

A l'exception de quelques sectes soufies comme les Kettani, les Tijani et les Sqali qui excluent tout instrument de leur chant, de nombreuses sectes intègrent dans leur rituel un accompagnement instrumental. Ces dernières peuvent être classées en trois catégories :

1-Sectes faisant usage d'instruments à cordes : Leurs adeptes sont généralement originaires de couches sociales bourgeoises et conservatrices. Leur musique s'apparente plus à la musique andalouse qu'aux chants soufis. Les Seddiqi, les Harraki, les Rayssouni, les Darqaoui ont employé le violon et le luth dans leur chant. En plus de ces deux instruments, les Chakouri de Chefchaouen (nord du Maroc) ont introduit des instruments à répercussion (Tarr, Derbouka). 

2- Sectes utilisant des instruments à vent et à répercussion : on cite les Thami, les Ghazi, les Ayssaoui, les Hmadcha et les Jilala. Leurs adeptes sont dans leur majorité des artisans ou des hommes du peuple. Pour cette deuxième catégorie les instruments à répercussion occupent une grande place par rapport aux instruments à vent qui restent rudimentaires : (ghayta, Lira, 'Awada).

3- Sectes n'utilisant que des instruments à répercussion comme les Haddawa et les Hassouni de Salé: Ils utilisent les instruments à répercussion de la musique populaire : Tassa, Tbila, Tbal, Tara ou Bendir.

On remarque que les deux dernières catégories n'utilisent guère les instruments à cordes, mais quand elles les utilisent, elles les pincent avec les doigts comme le Genbri chez Hmadcha et Hajhouj chez Gnawa.

Certaines sectes soufies adoptent une attitude négative vis-à-vis de l'introduction des instruments dans le chant mais d'autres introduisent le jeu musical dans leur rite sans aucune réserve. Ils affirment que cette introduction n'affecte point la valeur de leur chant ni sa qualité. Cette dernière catégorie de sectes, pour se justifier, avance des arguments mystiques, métaphysiques comme en témoignent ces propos de Mohamed Ibn Abi Bakr Dila'i, ayant vu Ibn Hassoun, un matin à Salé, recevoir des musiciens dans sa Zawiya: « Pour ce qui est de leur usage des instruments, ils profitent de la finesse de la voix ou du moment artistique et esthétique; et de cette rencontre naît une immense extase chez les adeptes ». 

Le cheikh Ismaïl Al Anqarawi confirme lui aussi cette thèse dans son œuvre Rissala fi dawarane as-soufia wa raqsihim (Traité sur les danses des soufis) : «Ahl Al Bâtine » (les mystiques) voient les objets, les entendent prier et vénérer Dieu." Il cite également un verset du Coran : «Tout objet exalte la Transcendance de Dieu mais vous l'ignorez». Or, les instruments comme Daf, Mazamir, Tbal et autres ne sont que des objets qui exaltent la Transcendance de Dieu. Pourquoi Ahl Dhahir (les rationalistes) refusent-ils donc d'admettre cette réalité mystique ? 

Cependant, les Oulémas du Maroc ont condamné le jeu d'instrument. L'un des fervents opposants à l'introduction des instruments dans les chants soufis est le 'Allama Mohamed Ben al Madani Gennoun, (décédé en l'an 1302 H). Dans son livre : Azzajr wa Al Iqmâ' fi an-nahyi ân alat lahn wa samâ'» (Répression et interdiction des instruments de musique distrayants), le jeu de n'importe quel type d'instrument est interdit. Il cite également des arguments des Oulémas musulmans dont l'auteur de 'Awarif Al Ma'arif (les maîtres du savoir) qui dit : «Il est certain que le jeu et l'écoute de la musique, au cours des chants soufis, sont interdits » .

Ziani, (mort en 1229 ap.J.C) dans son livre : « Turjumana Al Kubra (la grande traduction) adopte la même attitude de refus que Gennoun. Il condamne les réunions de certains soufis au mausolée Molay Idris, qui utilisent des instruments dans leur chant comme le luth, El Bandir, Tarr, Deff et mazamir »  

Avant eux, al-Wanchrissi dans son ouvrage « al Mi'yar al Moa'rrab » (le critère arabisé) a également interdit aux soufis l'usage des instruments musicaux pour la célébration du Mawlid.

Il n'y a pas que les Oulémas qui ont nettement condamné les instruments dans les chants soufis .Certains poètes marocains du début du huitième siècle de l'hégire s'y  sont également opposés comme :

- Mohamed Al Mehdi Al Hajoui dans son poème waqfa 'ala al Atlal (Méditation sur les ruines).

-Mohamed Al Jazouli dans son poème Arribat wa Khatmat cheïkh Al Islam.

-Mohamed Nasiri dans son poème Jil Attasaouf (génération du soufisme).

Lire aussi:

-Le Chant Soufi

- Styles du Chant Soufi



01/10/2007
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