Styles du Chant Soufi
Styles du Chant Soufi.
Les styles du chant soufi se distinguent par des traditions et des usages séculaires suivis depuis l'apparition du soufisme dans le monde musulman. Ces styles de chant et de danses ont connu un grand développement grâce aux échanges de pratiques qui ont eu lieu entre les diverses sectes. |
Les voyages et les déplacements perpétuels des chefs de sectes ont renforcé les liens d'échange et de complémentarité entre les différentes sectes tant à l'echelon national qu'à l'étranger. Au XIème siècle de l'hégire, des relations très solides ont favorisé une interactivité, un échange de savoir-faire des trois sectes marocaines :
- Dila'iya dont le chef Mohamed Ben Abi Bakr Dila'i.
- Nasiriya, au Darâa avec son chef Mohamed ibn Naser.
- Al Fassia, à Fès, avec son chef sidi Abdelkader El Fassi.
«Ces trois sectes n'étaient pas isolées les unes des autres malgré leur éloignement géographique. Bien aux contraire, les échanges d'expériences ont consolidé la communication entre elles».
Au niveau de la coopération des sectes soufies marocaines avec celles d'orient ou de l'étranger en général, on pourrait citer la rencontre de Mohamed Ben Abi Bakr Dila'i avec le cheik Mohamed El Bakri chef de secte en Egypte. Abou Baker a intégré une pratique d'Al Bakri dans le rite Dila'i (salat Al Fatihi Lima Oghliqa) «une version de la prière sur le Prophète». Cette prière a été enseignée aux adeptes Dila'i. Cette prière est conservée jusqu'à nos jours par la secte Tijanie.
Une autre forme de coopération des sectes locales avec leurs homologues en Afrique du Nord et dans le reste du monde musulman est celle des influences qu'ont connues les compositions musicales de zajal, et mowachahate. Ces compositions furent rédigées par le grand musicien soufi Ali Ben Abdellah Chachtari (époque Mérinide).
L'empreinte artistique et musicale de cette éminente personnalité est tellement manifeste dans Al Ma'louf en Tunisie et dans al Hamzia, poème de l'Iman Al Bosayri.
Ainsi, le chant soufi a-t-il connu une pluralité de styles et d'airs en rapport avec la diversité et la richesse des rites et des danses soufis. La ville a contribué au raffinement du chant soufi. Celui de la campagne a su conservé sa simplicité : Mokhtar Soussi signale cette différence en commentant la biographie du cheikh Hadj Ali Soussi Darqawi en ces termes : «la différence des genres (citadins et ruraux) réside dans la diction et la portée de la voix des citadins par contre Ashab cheikh (les ruraux) ont reçu de leur cheikh une mélodie vocale naturelle avec l'accent rural» .
Parmi les règles élémentaires du chant soufi, figure l'échange des rôles auditeurs chanteurs entre de petits groupes d'adeptes. Ceux-ci accompagnent la voix de leur cheikh quand il préside leur réunion. En son absence, ils sollicitent celui qui a la meilleure voix .
Une autre règle : « les adeptes chantent en chœur avec mélodie ». Lors de cette exécution en chœur, l'harmonie ou la synchronisation des voix doit être parfaite de manière à agir sur l'âme et l'esprit du groupe . « Les soufis préfèrent le chant collectif au chant individuel qui a moins d'impact sur les adeptes ». Le Cheikh Mohamed Al Mahdi Al Fassi illustre dans son livre « Mot'at Assamâ' » (Plaisirs de l'écoute) le style et la manière des soufis à exécuter le chapitre Al 'Aziz Dhou Al Jalal. Ils modifient la syntaxe et la diction conformément aux nécessités musicales .
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