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La lecture du Coran «Tartil Al Coran Al Karim»

La lecture du Coran «Tartil Al Coran Al Karim»

Le concept Attajouid a gardé un sens courant qui signifie science des règles de la diction du Coran mais le concept Attartil reste lié à la voix humaine, au chant musical sans mesure ni rythme.

Définition du mot "Tartil":

Sens propre : Tartil (lecture du Coran) signifie Attahssin (Embellissement).

Sens figuré : Tajouid (Diction et mélodie); « c’est bien prononcer et articuler les lettres et les sons avec un rythme mélodieux sans artifices ni excès ». « Attajouid est une lecture parfaite sans faute qui respecte les règles de syntaxe, de diction qui s’éloignent de l’artificiel et du perfectionnisme ».
 
Plusieurs synonymes du concept Attajouid ont été employés. Les plus fréquents sont : Attartil, Attaghanni, Attarnim. La sémantique de ces concepts a été à l’origine de grands débats entre les Ouléma musulmans (théologiens). Quelques uns ont considéré ces concepts dans leur sens littéral ayant une connotation artistique et musicale. Le plus illustre d’entre eux est l’Imam Ibn al Qayyim al Jawzia qui dit : « le chant ou la mélodie ne se réalise qu’avec la voix quand le chanteur soigne cette dernière ». Pour défendre son point de vue, l’Imam adhère à la thèse des autres Oulémas qui affirment que«la lecture du Coran avec une voix mélodieuse agit profondément sur les âmes, attire l’attention. C’est le sucre qu’on ajoute au médicament pour le rendre agréable, c’est le parfum ou l’épice qui relève la saveur des nourritures…L’individu a besoin de musique et de chant mais ce besoin est satisfait par une lecture mélodieuse du Coran au lieu des chants peu pieux».

L’Imam Al Qastalani de l’école chafé‘ite voit en la mélodie une façon d’améliorer la diction, en particulier de celui qui ne possède pas de belle voix. Dans son livre      « Irchad Assari », il écrit : « Si le lecteur n’a pas une belle voie, qu’il l’améliore, la développe, la travaille en appliquant les règles de la diction et de la musique » .
Abou Abdellah Mohamed Al Qortobi dans son livre «Al jami‘ li Ahkam Al Coran» a traité la problématique de «la lecture mélodieuse du Coran», citant les paroles du Prophète  qui illustrent le sens du mot Attaghani : «Layssa minna man lam yataghana bi Al Coran» (Quiconque ne lit pas le Coran avec mélodie n’est pas des nôtres (les musulmans)).L’auteur conclue que«Le mot Attaghani ne comporte aucune notion de musique donc le hadith n’autorise guère une mélodie pour la lecture Coran» .

D’autres, pareils à Al Qortobi se sont opposés à la lecture mélodieuse considérée comme une mauvaise pratique. Parmi eux, Anas b. Malek, Sa‘id b. Al Mosyyab, Al Hassan Al Basri et Malek b. Anas.

Malgré la divergence des deux courants de pensées précédents, les gens sont pourtant unanimes, dès le début de l’Islam, sur une lecture naturelle, sans faute ni mélodie. Progressivement, une science des lectures a vu le jour pour le besoin ‘Ilm Al qira’at. Les règles de cette science déterminent clairement la manière dont il faut lire le Coran. Cette science a mis le Coran à l’abri  de toutes altérations sémantiques et de toutes lectures erronées.

Les chercheurs spécialisés en la matière (‘Ilm Attajwid : science de bonne diction) y ont élaboré une terminologie riche et précise. Ils ont emprunté des concepts musicaux auxquels ils accordent un sens spécifique exemple : Al hadr, tadwir, tahkik.

Courants de lecture (Madhahib Attartil) :

Quand l’Islam s’est répandu dans toute la péninsule d’Arabie, les genres de poésie ainsi que  toutes les formes du chant de l’ère pré-islamique ont connu une stagnation comme par exemple les chants du : Nasb, Hida’, Hajz, Sinad, Nawh, Raml. Les gens les ont abandonnés pour s’intéresser exclusivement au Coran,       « Aux débuts de l’Islam rien n’égale la lecture du Coran ». Tout le monde le récite fréquemment avec ou sans mélodie. Ses lecteurs sont devenus nombreux et réputés par leurs voix et leurs rythmes mélodieux. Les Marocains sont réputés par leur attachement à la lecture du Coran dès les premièrs siècles de l’Islam. Ils ont porté un intérêt particulier à la science des lectures (attajwid) dont ils avait également consacré des écrits de grande valeur. Ils ont intégré cette science dans les cursus des étudiants comme ils ont contribué à la formation des lecteurs. En témoigne davantage l’organisation, récemment, d’une compétition des lauréats des écoles coraniques, en guise d’encouragement  de nouveaux talents en ce domaine. Une première conséquence de cet intérêt fait du Maroc un pays plus attaché que d’autres pays arabes à la mémorisation du Coran par les générations futures.

La deuxième conséquence est la propagation de la langue arabe dans les milieux amazigh qui communiquent jusqu’à nos jours en utilisant leur propre langue.
Le Maroc avait connu toutes les lectures du Coran mais il avait opté pour une seule et unique lecture à savoir celle de warch , disciple de Nafi‘ (décédé en 169 de l’hégire).Il s’agit de l’un des sept principaux Imams lecteurs. Cette même lecture a été approuvée par l’Imam Malek auparavant. Il la considère comme une pratique originaire de Médine. Le style marocain de la lecture du Coran se caractérise par une rigueur excessive. La lecture devient alors une simple récitation accompagnée d’un rythme unique et répétitif.

Cette rigueur transformée en excès de zèle chez les Marocains s’illustre dans les conditions imposées aux candidats désireux d’intégrer l’université Qarawyine. Ces derniers doivent être capables de réciter le Coran selon l’usage officiel, l’écrire et posséder un savoir religieux et scientifique non négligeable. A l’époque des Almohades, de nombreuses écoles furent créées pour l’enseignement intensif des sept méthodes de lectures du Coran et de sa  transcription calligraphique.

Les centres d’apprentissage - écoles et mosquées - ont formé d’illustres lauréats au Maroc comme en Andalousie. Plusieurs œuvres ont été écrites dans ce domaine. Parmi ces lauréats figurent Abou ‘Amr Othman Ibn Sa‘id Addani (371-444H) surnommé « le lecteur de l’Andalousie ». Ibn Bachakwal a dit à son sujet : «C’est un Imam de la science de la lecture du Coran, de son interprétation et de sa syntaxe ».

Parmi les lecteurs marocains de renom, on peut citer :

- Abou Al Hassan Ali Ben Mohamed Al Moradi Al Balansi auteur d’Al Mawsef ;

- Abou Al Hassan Ali Ben Berri auteur de Adorar al Lawâmi‘;

- Ahmed Ben Mohamed Zwawi le plus célèbre des lecteurs marocains ;

- Abou Zayd Abdourrahman dit Al Warraq.

Types de lectures marocaines :

La lecture du Coran au Maroc se déroule selon deux types : collectif et individuel.

1- Le type collectif : il s’exerce le plus souvent dans les écoles coraniques, les réunions de lectures dans les mosquées et les zawiyas ou à l’occasion de funérailles. La lecture est simple naturelle avec une portée de voix moyenne.
Une des traditions les plus anciennes au Maroc, transmises de génération à l’autre est Halaqât Attahzib (Cercles de lecture) qui se déroule chaque jour dans les mosquées après la prière du maghrib (coucher de soleil). Cette tradition a facilité la mémorisation du Coran dans les milieux populaires et chez les illettrés régulièrement présents dans ces cercles.

Les membres des groupes (des cercles) ressentent une joie extrême pendant la lecture collective ce qui les incite à fréquenter ces cercles.

2- Le Type individuel : Ce type est très répandu aussi bien dans le milieu urbain que rural. La lecture est simple mais riche comme le sont les voix des lecteurs. Ou peut donc parler de lecture Filali, Jabli ou Haytari.

En résumé, la lecture traditionnelle se distingue par :

1- La simplicité des mélodies loin de toute complexité ;

2- Un grand nombre de mélodies - milieu urbain - se base sur la musique andalouse sans répercussion. (Exemple d’airs musicaux andalous utilisés : Azaydane, Al Asbahane, Al Maya, Arrasde, Irak Al ‘Ajam.

3- La lecture mélodieuse est une action individuelle ;

4- La beauté de la voix est une condition fondamentale pour les lecteurs du Coran.

A ces deux types, on ajoute la lecture Filali exécutée par un duo de lecteurs. Ils synchronisent remarquablement leur diction qui touche leurs auditeurs. La lecture Filali dont l’usage est exclusif à la province d’Errachidia (Sud du Maroc) est elle même très riche. Chacune des localités de cette province a sa lecture : Arratbia de Ratb, al Ghorfia de Ghorf, al Jorfia de Jorf et al Mdaghria de Mdaghra.
Malgré la richesse des lectures au Maroc, le style oriental de lecture n’y passe pas inconnu.

Les visites des grands lecteurs d’orient au Maroc à toutes les époques, l’intérêt et l’admiration  manifestes des pèlerins marocains à ce genre de lecture durant leur passage à Tunis, au Caire, à Jérusalem, à Bagdad et à la Mecque ont contribué à la propagation de ce genre de lecture qui a de l’impact sur l’être de l’auditeur par la richesse des mélodies et la beauté des voix.

Ibn Al ‘Arabi Al Ma‘firi, dans son livre "Ahkam Al Corane" , Abou Al Kacem Tajibi, dans son récit de voyages « Moustafad Rihla oual Ightirab », Al Balaoui dans « Taj Al Mafraq » et le récit d’Ibn Batouta ont longuement parlé de ce style de lecture.

Al Balaoui disait du plus célèbre des lecteurs tunisiens Ibn Baral Mohamed Ben Sa‘d Al Ansari ( époque des Hafsi ) : « Je n’ai jamais entendu une lecture aussi belle, aussi séduisante. A l’entendre, on ne peut retenir ses larmes, ni s’empêcher de méditer ou de tomber en transe ». 

Actuellement, le style oriental ne cesse de s’enraciner au Maroc grâce aux cassettes, aux disques compact, à l’amour des Marocains pour ce style, à la participation des meilleurs lecteurs orientaux aux causeries religieuses organisées au palais royal pendant le Ramadan et à la formation de lecteurs par des vétérans de ce genre.

L’association  Rabitat Al Moujawidine  (ligue des lecteurs) et d’autres, dont l’objectif est de faire apprendre le Coran et les règles de sa lecture correcte conforme à celle de Nafi‘ et son disciple  Warch, organisent des compétitions coraniques au niveau national, arabe et musulman pour sélectionner et encadrer les jeunes talents.

Pour promouvoir l’apprentissage du Coran le ministère des Habous et des affaires islamiques en collaboration avec la radio nationale (RTM) ont produit une émission radiophonique hebdomadaire : « Kayfa naqrao Al Coran » (Comment lire le Coran) animée à l’origine par le grand lecteur Feu Abdelhamid Hssayn.

La radio Mohamed VI traduit la volonté royale de consolider cet apprentissage du Coran dans le Maroc d’aujourd’hui. Cette radio spécialisée émet dans ses programmes, quotidiens des lectures de Coran par les meilleurs lecteurs contemporains du monde musulman.



01/10/2007
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