Le Prophète parle du « Savant de Médine ».
Le Prophète parle du « Savant de Médine ».
Les propos du Prophète (P.S.L) dans ce hadith sont l'une des raisons de l’expansion du malékisme, surtout au Maroc. La majorité des traditionnistes reconnaissent ce « savant de Médine » comme étant l’imam Malik Ibn Anas. Ce qui explique la profonde conviction de nos ancêtres marocains d’adopter le malékisme et de lui rester fidèles, vu qu’il s’agit de données scripturaires rapportées à partir de la Tradition. |
L’étude de ce hadith requiert tout d’abord la considération des aspects suivants : sa relation par les Compagnons, sa reproduction par les auteurs, sa chaîne de transmetteurs( isnad ), sa qualité, son degré d’authenticité, l’explication de ses termes, sa signification et enfin son interprétation.
Quant à sa relation, le hadîth fut rapporté par Abou Horayra, Abou Moûsâ al-Ach‘âri et Jâbir b. ‘Abd Allah .
Parmi les auteurs l’ayant reproduit, on cite Ahmed dans son Mousnad, At-Tirmidhî dans ses Sounan, an-Nasa’î dans son Mousannaf, Ibn ‘Abd al-Barr dans ses Prologues et Ibn Hyann dans son Sahih.
Le hadîth fut rapporté selon diverses voies dont la plus célèbre, selon al-Qadî-‘Iyyâd, est celle Soufyân b. ‘Ouyayna d’après Ibn Jarîh, d’après Abou Zoubayr, d’après Abou Salih, d’après Abou- Horayra, considérés tous comme étant dignes de foi par al-Boukhârî et Mouslim ainsi que par le reste des rapporteurs de hadîth authentiques qui, d’ailleurs, leur en rapportèrent d’autres hadîth. Il fut également rapporté par an-Nasâ’î selon la voie de Mohammed b. Kathîr qui rapporta en disant : d’après Ibn Jarîr, d’après Abou az-Zinâd ; et an-Nasâ‘î de rectifier en disant : d’après Abou az-Zoubayr, d’après Sâlih, d’après Abou Horayra. En ce qui concerne sa qualité, le hadîth fut rapporté par Soufyân en le faisant remonter au Prophète (psl) et il fut encore rapporté par al Hâmilî d’après Ibn Jourayh arrêté à Aboû Horayra et il fut rapporté par Mohammed b. ‘Abd Allah al Ansârî en établissant son isnâd. Ce dernier est considéré par al Qâdî ‘Iyyâd comme étant digne de foi. Le même hadîth fut rapporté par at-Tirmidhî par l’intermédiaire de la voie d’al Hasan b. as-Sabâh et Ishâq b. Moûsâ al Ansârî en disant : d’après Abou Horayra, en ajoutant :hadith relaté.
En cas de contradiction entre deux relations du même hadîth, l’une le faisant remonter et l’autre le faisant arrêter, la règle, chez les traditionnistes et les ouléma des fondements(osôl), est que l’on opte pour celle remontant le hadîth, étant donné qu’elle est considérée comme supplément. De plus, lorsque, dans sa version, le rapporteur du hadîth mentionne le terme : relaté (du Prophète), le hadîth est, par convention, considéré comme remontant. Par ailleurs, ce qui empêche le rapporteur du hadîth de le faire remonter carrément au Prophète (psl) c’est son incertitude quant à la version du Compagnon qui aurait rapporté : «le Messager de Dieu (psl) dit» ou : « j’ai entendu le Messager de Dieu(psl) dire » ou tout simplement : « d’après le Messager de Dieu(psl) ». En cas de doute, le rapporteur se contente de dire :«relaté» (du Prophète) ou : « hadîth remontant au Prophète psl) » autrement, il opte pour un résumé.
Quant à son degré d’authenticité, le hadîth a été classé « bon » par at-Tirmidhî. Al Qadi ‘Iyyâd le considère comme étant «reconnu authentique». Mais il a été classé «faible » par certains pour cause d’interruption (de la chaîne de transmetteurs) sans pour autant montrer de quel type serait celle-ci.
En ce qui concerne l’énoncé, le hadîth, fut rapporté textuellement en ces termes : « …ils frappent les chameaux sur les flancs … » Dans une autre version : « …ils frappent les chameaux à l’endroit du foie… », allusion à la marche rapide pendant le voyage pour atteindre un objectif qu’on craint de rater car, en réalité, on ne frappe pas le foie d’un chameau mais ses flancs qui, en principe abrite, entre autre, le foie, pour exciter la monture et faire activer sa marche.
L’énoncé du hadith comporte également la phrase suivante : « Ils ne trouveront pas plus instruit que le ‘alem de Médine » ou encore dans une autre version : « Ils ne trouveront pas plus savant en matière de théologie que le ‘alem de Médine ». De nombreux spécialistes de la théologie appliquée (faqih) considèrent que la connaissance religieuse et le fiqh sont synonymes tandis que d’autres pensent que le fiqh est la perspicacité avec laquelle on saisit les choses de l’esprit. Selon ach-Chayrâzî, le fiqh est cette grande aptitude à saisir les subtilités des choses, d’où le degré supérieur qu’il occupe par rapport à la simple connaissance. En témoigne le hadîth suivant du Prophète (psl) qui dit : « Lorsque Dieu choisit de couvrir quelqu’un de Ses grâces il lui fait don d’une parfaite connaissance en matière de religion », en employant le verbe arabe tafaqqaha, c'est-à-dire saisir le fiqh de manière parfaite. Le hadîth est, certes, une prophétie concernant une situation qui ne tardera pas à s’accomplir et où les gens partiront en quête de savoir religieux et ne trouveront point plus instruit en la matière que le ‘alem de Médine.
Reste à savoir qui pourrait bien être ce ‘alem de Médine annoncé par le Prophète (psl) ?
Selon Soufyan b. ‘Ouyayna et d’autres contemporains ou même successeurs de Mâlik, il s’agit bien du fondateur du rite malikite, Mâlik b. Anas, (Dieu l’agrée). Nous considérons que le hadith en question fait partie des nombreuses prophéties du Messager de Dieu(psl) qui a annoncé un événement relevant du domaine de l’inconnu et qui s’est, en fait, réalisé. En effet, l’histoire retient que les personnes en quête de savoir religieux et d’avis juridiques (fatwa) venaient aussi bien d’orient que d’occident consulter Mâlik b. Anas. Ledit hadith fut, par ailleurs, rapporté par quelques 1300 doctes et érudits, ce qui témoigne de la grandeur et l’éminence de ce ‘alem sans égal. Au fait, le témoignage prophétique, à lui seul, suffit pour faire du rite malikite une source de fierté tant pour les Marocains que pour l’ensemble des adeptes de cette doctrine.