Bassin Hydraulique de la Moulouya
PRESENTATION
Le bassin hydraulique de la Moulouya s'étend sur 74.000 Km2. Il couvre les sous-bassins de la Moulouya, Kert, Isly, Kiss , Chott Tigri , et une partie de la zone Bouarfa-Figuig.
Le bassin abrite une population de l'ordre de 2,2 millions d'habitants (1994).
Le potentiel agricole aménagé est de 148.400 Ha , dont 65.400 Ha en grande hydraulique. (Périmètres : Triffa, Zebra, Garet et Bouareg). La petite et Moyenne Hydraulique se trouve en grande partie le long de l'oued Moulouya, de l'oued Za, de l'oued Isly et de l'oued Kert.
Compte tenu de l'importance des parcours, le bassin de la Moulouya reste une zone d'activité pastorale en raison de l'étendue des steppes d'alpha et d'armoise. L'élevage ovin intensif est dominant.
La pêche le long du littoral de la région se présente sous forme de pêche artisanale et de pêche côtière.
Le bassin compte d'importantes activités agro-alimentaires, industrielles et minières dont une sucrerie, une fonderie, une centrale thermique, un complexe sidérurgie, une cimenterie…
Le bassin de la Moulouya, d'une superficie de 55.500 km2 , draine les eaux du Rif oriental et du moyen Atlas à l'ouest ainsi que le haut Atlas au sud.
A cause des hautes barrières montagneuses de l'ouest , les régions les mieux arrosées sont les versants Méditerranéens où les précipitations peuvent dépasser 400 mm/an , alors que dans la moyenne vallée de la Moulouya, elles atteignent à peine 200 mm/an. Les hauts plateaux reçoivent entre 150 et 250 mm/an de pluie.
La Moulouya prend sa source à Alemsid à la jonction du haut et du moyen Atlas , son écoulement est caractérisé par une forte variabilité .
Le bassin du Kert dans la province de Nador a une superficie de 2625 Km2.
A cela, il faut ajouter la partie marocaine des bassins versants des oueds Kiss et Isly parmi les potentialités hydrauliques de l'Oriental. La superficie du bassin de l'oued Kiss : frontière entre le Maroc et l'Algérie, entre Ahfir et Saidia est de 275 Km2. Le bassin de l'oued Isly est d'une superficie de 1300 km2
RESSOURCES EN EAU
Le bassin de la Moulouya est caractérisée par un climat aride à semi-aride. La pluviométrie moyenne interannuelle au niveau du bassin Moulouya est d'environ 245mm. Elle varie globalement entre 110mm et plus de 515mm. Les valeurs les plus basses sont enregistrées au niveau de la Moyenne Moulouya, le bassin de Guercif et la région de Figuig. Les valeurs les plus élevées au niveau des chaînes des Béni Snassen, et du Haut et Moyen Atlas.
Les eaux de surface
L'oued Moulouya d'une longueur de 600 km environ est le principal cours d'eau du bassin. Il prend naissance dans la chaîne du Haut et Moyen Atlas et les Hauts Plateaux. Le module interannuel observé au niveau du barrage Mohamed V contrôlant une superficie de 52 000 km2 est de 27 m3/s.
Les principaux affluents de l'oued Moulouya ( à écoulement pérenne) sont : l'oued Ansegmir , l'oued Melloulou et l'oued Za. Les autres cours d'eau ne coulent qu'à l'occasion du passage des crues (3 à 5 crues en moyenne par an) qui durent de quelques heures à quelques jours.
L'apport moyen annuel à l'embouchure de la Moulouya est de l'ordre de 1150 Mm3/an (période 1939-1996), et de 920 Mm3/an (période 1970-98).
Oued | Station | Débits ( m 3 /s) | ||
Module | Max | Min | ||
Ansegmir Moulouya Moulouya Cheg El Ard Moulouya Melloulou Moulouya M ' soun El Hay Za Moulouya Zegzel Moulouya Isly Kert | Ansegmir Zaida Missour Ksibat Tendit M. Guercif Dar El Caid Pont de Saka Ain B.Mathar Ouled Lafkir M. El Ouidane Berkane Saf Saf Guenfouda Dar Driouch | 2,5 3 8 1 8 9 20 1 1,5 4 27 0,5 12 0,2 1 | 394 225 1800 224 2620 1370 5170 262 1350 1550 7200 206 2170 165 2310 | 0 0 0 0,1 0 0 0 0 0,2 0,03 0,1 0 1,7 0 0 |
Les eaux souterraines
La zone d'action de l'Agence du Bassin Hydraulique de la Moulouya renferme une trentaine de nappes dont l'importance et la qualité varient en fonction des structures géologiques, de la nature lithologique des terrains, et de la pluviométrie.
Selon l'Etat des connaissances actuelles, le volume total d'eau souterraine mobilisable avoisine 450 Mm3/an, dont environ 80 Mm3/an présentent une salinité de plus de 2 g/l (plaines des Triffa et de Gareb- Bouareg).
Caractéristiques des nappes de la Moulouya
Nappe |
Superficie km2 |
Profondeur m |
Recharge m 3 /s |
Jbel Hamra Angad Béni Snassen Triffa Bouhouria-Naima Coulouir Taourirt-Laayoune Sous écoulement de l'oued Za Ain Béni Mathar Chaines des Horsts Sillon Itzer-Enjil & Haute Moulouya Système multicouche Moy. Moulouya Bassin de Guercif Gourougou Tlet Azlaf Guerouaou Kert Gareb-Bouareg Ghis-Nekor * Superficielle de Figuig Profonde de Figuig Chott Tigri Lahouita Tamellalt |
15 affleurement 450 550 700 1800 23 6500 500 3300 6500 6200 200 60 275 250 420 100 300 500 3000 2500 |
50 à 100 20 à 70 > 40 3 à 70 10 à 150 80 à 100 10 >220 5 à 250 > 100 > 200 5 à 150 10 à 130 20
5 à 60 20 2 à 50 10 à 50 5 à 50 > 120 10 à 100 |
9,5 25 35 75 14 4 5 40 12 28 70 33 3,5 1 1 12 54 17 4,5 9 11 5 |
QUALITE DES RESSOURCES EN EAU
La dégradation des ressources en eau dans le bassin de la Moulouya devient de plus en plus préoccupante en raison de la multiplication des sources de pollution d'origines domestique, industrielle et agricole. Cette pollution aggravée par les séquences de sécheresse, se traduit par une déperdition rendant parfois inutilisables les ressources en eau.
Les eaux de surface
Les eaux superficielles au niveau du bassin de la Moulouya sont en général d'une bonne qualité excepté les trois points suivants :
- L'oued Isly en aval des rejets de la ville d'Oujda où la pollution est essentiellement organique
- L'oued Cherraa en aval des rejets de la ville de Berkane
- L'aval de la Moulouya au niveau de la station Boudlal où la qualité est moyenne.
Les eaux des retenues de barrages Mechraa Homadi et Mohamed V sont de bonne qualité ; les teneurs en nitrates et en phosphore sont respectivement de l'ordre de 3 et 0,1 mg/l.
Les eaux souterraines
Les eaux de la nappe des Anagds sont riches en nitrates à l'Est d'Oujda en raison de l'épandage des eaux usées .Celles des eaux de la nappe des Triffa sont de qualité organique et bactériologique assez bonne. Par contre, les teneurs en chlorures sont nettement élevées au Nord.
Les nappes de Kert, Gareb et Bouareg sont de qualité chimique très mauvaise (fortement minéralisées). Par contre, leur qualité organique et bactériologique est assez bonne.
La nappe de Guercif est globalement de qualité moyenne ; ses eaux sont légèrement minéralisées.
MOBILISATION ET UTILISATION
DES RESSOURCES EN EAU
L'effort de mobilisation
Les infrastructures hydrauliques réalisées permettent actuellement de mobiliser près de 895 Mm3 dont 615Mm3 d'eau de surface.
v Les barrages
Le bassin de la Moulouya compte 4 grands barrages dont un en cours de construction, un barrage moyen et 40 petits barrages et lacs collinaires totalisant une capacité de stockage de 21,831 Mm3. Il faut ajouter 2 canaux principaux de 288 km , ainsi que la station de pompage Moulay Ali, mise en service en 1995, et dimensionnée pour un débit de 3,9 m3/s.
Barrages existants
Barrages |
Mise en service |
Retenue (Mm 3 ) |
Volume régularisé (Mm 3 ) |
But |
Mohamed V |
1967 |
331 |
530 |
I, E, AEPI |
Mechra Homadi |
1956 |
5 |
82 |
Compensation |
Hassan II |
1999 |
109 |
3 |
I, AEPI |
Enjil |
1995 |
12 |
|
I |
Arabat |
1997 |
2 |
|
AEPI |
Canaux de dérivation
Canal |
Longueur km |
Débit (m 3 /s) |
But |
Rive gauche |
133 |
17 |
I, E, AEPI |
Rive droite |
155 |
18 |
I, AEPI |
v Les eaux souterraines
Le volume global mobilisé en eaux souterraines à l'aide de forages, puits et sources est évalué à environ 280 Mm3/an. L'effort de mobilisation des eaux souterraines déployé les 10 dernières années s'est orienté principalement pour l'alimentation en eau potable des populations rurales.
L'utilisation de l'eau
v L'eau potable
L'AEPI des villes de Berkane, Zaio, Nador et des centres avoisinants et,dans un futur proche, des villes d'Oujda, Taourirt et Laayoun, est assurée à partir des eaux de surface. La consommation moyenne en tête des réseaux est de 31,5 Mm3. L'AEPI des autres villes et centres se fait grâce aux eaux souterraines dont les prélèvements annuels sont évalués à 80 Mm3/an.
L'alimentation se fait généralement dans de bonnes conditions à l'exception des cas suivants :
- A Oujda, un déficit est enregistré en raison de la surexploitation de la nappe de Jbel El Hamra, dont les niveaux enregistrent une baisse moyenne de 2,5 à 3 m/an. En 2005, l'adduction ONEP à partir du barrage de Mechra Homadi entrera en service.
- Pour Taourirt, la saturation de la ressource souterraine existante sera dépassée en 2005 (adduction de Mechraa Hamadi);
- A Berkane, l'approvisionnement assuré par le biais du canal rive droite est perturbé en cas de turbidité. Des forages de prospection sont prévus ;
- Pour le centre de Zaio, l'approvisionnement assuré par le biais du canal rive gauche est perturbé en cas de turbidité ou lors des opérations d'entretien du canal, et pose un problème d'économie d'eau pour les lâchers qu'il impose en dehors des périodes d'irrigation;
- Les centre de Boumia et Zaida connaissent une pénurie d'eau potable surtout en étiage vu la sécheresse et la surexploitation de la nappe alluviale de la Moulouya ;
- Pour Tendrara, vue les ressources limitées près du centre, ce centre sera alimenté à partir du champ captant Lahouita distant de 25 km .
v L'irrigation
Les ressources mobilisées permettent l'irrigation de près de 70.000 Ha dans les périmètres de Triffa, Zebra, Garet, Bouareg , la vallée de l'oued Za et Enjil d'une part. La consommation en moyenne en tête des réseaux est de 350 Mm3.
En plus des ressources régularisées par les barrages, près de 550 Mm3/an sont prélevés directement des cours d'eau et des nappes souterraines pour l'irrigation de près de 80.000 Ha de petite et moyenne hydraulique.
A l'aval du barrage Mechraâ Homadi, la station de pompage Moulay Ali, mise en service en 1995 assure un appoint à partir des résurgences apparaissant entre le barrage et la station. Dimensionnée pour un débit de 3,9 m3/s, n'est exploitée que vers 20 M m3 par an selon les besoins et l'état des retenues. (refoulement de 95 mètres vers le canal principal bas service des Triffa).
v L'énergie hydoélectrique
La puissance installée est de 29 MW, avec une production moyenne de 53 millions de KWH par an d'énergie hydroélectrique.