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Bassin Hydraulique du Tensift

PRESENTATION

Situé au centre Ouest du Maroc, Le bassin du Tensift s'étend sur une superficie de 19.800 Km2 couvrant totalement la wilaya de Marrakech, et partiellement les provinces d'Essaouira, d'El Kelaâ des Sraghna et de Safi. Géographiquement, le bassin peut être subdivisé en trois domaines distincts:

• Le Haut Atlas, zone de montagnes formant les plus hauts reliefs du Royaume avec comme point culminant à 4 167 m , le Jbel Toubkal ;

• La plaine du Haouz et le bassin de Mejjate, une dépression d'une superficie de 6 000 Km2 allongée d'Est en Ouest et large de 40 Km ;

• Les Jbilet, formées de montagnes de faible altitude, qui émergent au nord de la plaine du Haouz .

Selon le recensement de 1994, la population du bassin était de 1851450 habitants dont 41% en milieu urbain et 59% en milieu rural. Sur la base des projections du Ministère du Plan cette population serait actuellement de 2.156.000 habitants dont  1.005.000 urbains et 1.151.000 ruraux.

L'économie dans le bassin est basée essentiellement sur l'agriculture et l'élevage. Les activités industrielles et minières, le tourisme et l'artisanat occupent également une partie importante de la population active. L'agriculture se caractérise par la prédominance de la céréaliculture et de l'arboriculture. L'irrigation occupe une place importante dans l'activité agricole du bassin.

En raison de son étendue et de son relief, le bassin se caractérise par un climat très différencié d'une zone à l'autre. Ainsi, le climat est semi aride influencé par le courant froid des Canaries dans la zone côtière, semi aride chaud dans les Jbilet et continental de type aride dans le Haouz et le Mejjate.

Les précipitations sont faibles et caractérisées par une grande variabilité spatio-temporelle. La pluviométrie moyenne annuelle est de l'ordre de 250 mm à Marrakech et peut atteindre 800 mm sur les sommets de l'Atlas. L'examen de la répartition  moyenne des pluies mensuelles montre également l'existence de deux saisons nettement différenciées :

• d'Octobre à Avril, une saison humide où interviennent la quasi-totalité des épisodes pluvieux, soit prés de 80 à 93 % de la pluviométrie annuelle ;

• de Mai à Septembre, une saison sèche avec seulement 7 à 17 % de la pluviométrie annuelle .

Les températures moyennes mensuelles varient entre 17°C et 20°C . Les mois les plus chauds sont généralement Juillet et Août  ( 25°C à 29°C sur l'Atlas et la plaine du Haouz et 19°C à 24°C dans les zones côtières). Le mois le plus froid est Janvier ( 12°C sur l'Atlas et la plaine du Haouz et 13°C dans les zones côtières).

L'évaporation moyenne annuelle varie de 1 800 mm sur le versant atlasique à 2600 mm dans la plaine du Haouz. Elle est minimale pendant le mois de Janvier alors que la maximale intervient pendant les mois d'été. Près de 50% de l'évaporation totale est enregistrée durant les quatre mois de Juin à Septembre.

La dégradation spécifique dans le bassin varie de près de 200 à plus de 3000 tonnes/Km2/an environ.Le bassin du R'dat  se situe parmi les bassins du Royaume qui présentent la plus forte dégradation spécifique.

 

Bassins

Superficie
 km 2

Dégradation t/Km 2 /an

Lalla Takerkoust

1 607

240

Tahanaout

225

185

Taferiat

516

440

Sidi Rahal

569

3 015

RESSOURCES EN EAU

Les eaux de surface

Les oueds les plus importants prennent tous naissance dans le Haut Atlas. Sur ce relief montagneux à structure et nature géologique hétérogène, des ruissellements à caractère torrentiel interviennent et sont collectés par le réseau hydrographique du Tensift qui les évacue vers l'océan. L'aire du bassin peut être subdivisée en deux zones :

  • la sous-zone du cours amont du Tensift et ses affluents de la rive gauche qui constituent la partie hydrologique active du bassin. Elle s'étend sur une superficie de 11 900 Km² ; 
  • la zone du bas Tensift qui englobe le cours aval de l'oued Tensift et le bassin de  l'Oued Chichaoua. Elle s'étend sur une superficie de 7 900 Km².

Les ressources en eau de surface sont irrégulières et inégalement réparties. Les montagnes constituent le château d'eau des écoulements de surface. Les apports moyens annuels sont évalués à près de 824,5 Mm3 . Ces apports varient entre un minimum de 116 Mm3  et un maximum de l'ordre de 2 677 Mm3. En outre, le bassin bénéficie d'un transfert de l'ordre de 300 Mm3  à partir du bassin de l'Oum Er Rbia destinés à l'alimentation en eau de la ville de Marrakech et à l'irrigation dans le Haouz central.

Ainsi le potentiel en eau de surface disponible pour le bassin s'élève en année moyenne à près de 1.124,5 Mm3.

Oued

Bassin

Km 2

Apport d'eau en Mm3

Minimal

Moyen

Maximal

• N'Fis à Lalla Takerkoust

1 692

21

166

599

• R'dat à Sidi Rahal

569

12

84,5

277

• Zat à Tafriat

516

20

115

288

• Ourika à Aghbalou

503

15

159

618

• Rheraya à Tahanaout

225

13

53,5

123

• Lahr à Herissane

65

1

10

24

• El Ma à S. Bou Othtmane

517

11

54

152

• El Hallouf

185

0

1,5

5

• Chichaoua

1 317

12

73

252

• Mramer

150

0

12

5

• Autres bassins actifs

2 241

10

92

294

• Autres bassins semi-actifs

1 396

1

14

40

• Transfert Oum ER Rbia

-

160

300

300

  Sans transfert

9 376

116

824,5

2 677

Avec transfert

-

276

1 124,5

2 977

Les eaux souterraines

Les réservoirs d'eau souterraine dans lesquels s'accumulent ou transitent les eaux pluviales infiltrées sont d'extension inégale. Les plus importants sont :

• La nappe du Haouz qui s'étend d'Est en Ouest entre les deux reliefs de l'Atlas et des Jbilets sur une superficie d'environ 6 000 Km2;

• La nappe du Mejjate qui s'étend sur une superficie de 1 000 Km2 environ entre le Tensift au nord et le Haut Atlas au sud ;

• La nappe de la Bahira qui s'insère entre les massifs des Jbilet au sud et les plateaux des Rehemna et des Gantour au nord et s'étend sur une superficie d'environ 5 000 Km2.

Bilan hydraulique des nappes (en millions de m 3 )

   Entrée / Sorties

Haouz

Mejjate

Bahira

Total

Phréatique

Eocrétacé

Infiltration direct

Apports d'oueds

Retour des eaux d'irrigation

Abouchements latéraux

Total entrées

60

23,5

151

3,5

238

-

11

4

10

25

47

20,5

-

-

67,5

56

-

-

-

56

163

55

155

13,5

386,5

Sources et Khettaras

Drainage oueds

Prélèvements AEPI

Prélèvements  irrigation

Sorties latérales

Total sorties

5

16

30

360

-

411

2

4,5

3

17

-

26,5

38

9,5

4,5

-

15

67

-

18,5

9

36

-

63,5

45

48,5

46,5

413

15

568

QUALITE DES RESSOURCES EN EAU   

Les eaux de surface

Le suivi de la qualité des eaux opéré dans le bassin fait ressortir que :

• La qualité des eaux des affluents de la rive gauche de l'oued Tensift est généralement bonne, excepté au niveau des tronçons de l'oued Imin Tanout (à l'aval des rejets du centre), de l'oued R'dat (à l'aval des rejets de Sidi Rahal) et de l'oued Amizmiz (à l'aval des rejets d'Amizmiz) ; 

• La Qualité des eaux de l'oued Tensift est moyenne à mauvaise en raison d'une forte minéralisation et de la pollution organique et bactériologique importante à l'aval des rejets urbains de la ville de Marrakech ; 

• La retenue du barrage Lalla Takerkoust présente une eau de bonne qualité, même si elle connaît durant certaines périodes de l'année une production d'algue relativement importante. La salinité de l'eau de la retenue est en effet très faible et reste inférieure 350 mg/l. l'eau est également bien oxygénée avec des teneurs en oxygène dissous généralement supérieure à 5mg/l.  

Les eaux souterraines

 La plupart des nappes d'eau souterraine du bassin présentent une eau de qualité moyenne à bonne sauf dans les secteurs contaminés par les eaux usées ou affectés par la nature chimique des formations aquifères . A l'échelle du bassin, on distingue : 

• Les nappes présentant une eau de bonne qualité, apte à tous les usages sans contrainte majeure : Ce sont celles du Mejjate et du Haouz à l'exception des secteurs de bordure de l'oued Tensift, au voisinage de Marrakech et au nord de l'oued R'dat ; 

• Les nappes présentant une qualité moyenne à mauvaise : Ce sont celles du Bas Tensift et de la Bahira ; 

• Les zones où les eaux sont de très mauvaise qualité chimique et qui se limitent à certains secteurs de la nappe phréatique de la Bahira où les teneurs en nitrates sont élevées et où la salinité des eaux  dépasse 5 g/l, et à des secteurs de la nappe du Haouz à l'aval de la ville de Marrakech.

MOBILISATION ET UTILISATION
DES RESSOURCES EN EAU

Depuis plusieurs siècles, les habitants du Haouz ont utilisé leur savoir-faire pour s'approvisionner en eau et assurer l'irrigation de plusieurs milliers d'hectares en mobilisant le maximum de ressources par des moyens traditionnels  :

- Plus de 650 khettaras (sorte de galeries souterraines qui amènent de l'eau de la nappe phréatique par gravité à la surface du sol) ont été réalisées dans les différentes parties de la plaine du Haouz totalisant une longueur de près de 700 km et produisaient un débit continu de 3,2 m3/s pour subvenir aux besoins en eau et irriguer 20.000 ha . Actuellement ces ouvrages sont à sec ou détruits dans leur quasi-totalité par manque d'entretien et surtout à cause de la baisse du niveau de la nappe sous l'effet des pompages intensifs et de la sécheresse persistante dans la région.

- des seguias, canaux en terre non revêtus, qui dérivent les eaux des oueds vers la plaine. La première séguia (Tasaltant : canal royal) sont construits depuis le temps des Almohades pour transporter de l'eau de l'oued Ourika sur plus de 20 km pour irriguer les terres, actionner les différents moulins hydrauliques et, en fin de parcours, assurer l'alimentation en eau potable de la ville de Marrakech. Outre ces ouvrages, il faut également mentionner les énormes bassins réservoirs construits dans les jardins de l'Agdal et de la Ménara et dont la capacité totale dépasse 267.000 m3 . Ces bassins avaient pour fonction de couvrir une partie des besoins de la ville de Marrakech en eau potable et d'arroser les vergers durant la période estivale.

L'effort de mobilisation

v  Les eaux de surface

Globalement les eaux de surface mobilisées dans le bassin sont estimées en année moyenne à près de 520 Mm3 dont 85 Mm3  par le barrage Lalla Takerkoustet, 2,4 Mm3 par les petits barrages et  433 Mm3 par le réseau de séguias traditionnelles ( prélèvements au fil de l'eau).

En outre, le bassin bénéficie d'un volume annuel de l'ordre de 300 Mm3  transféré  à partir du bassin versant de l'Oum-Er-Rbia via le Canal de Rocade : 260 Mm3 sont destinés à l'irrigation et 40 Mm3 à l'alimentation en eau potable et industrielle de la ville de Marrakech.

Barrages

Mise en  service

Retenue (Mm 3 )

Hauteur (m)

But

Volume régularisé (Mm 3 )

Superficie irrigable
(ha)

Energie product. (GWh/an)

Lalla Takerkoust

1935

69

71

E, I

85

9.800

15

Imi Larbaa

1985

0,78

16

I

-

80

-

Agafaï

1986

0,52

28

I, AC

-

-

-

Azib Douirani

1987

0,60

15

EC, AEP

-

-

-

Imn Lhad

1987

0,40

23

I, AC

-

50

-

Ouled Abbes

2001

0,90

16

I, AC

-

150

-

Bouhouta

2002

0,90

19

I, AC

-

160

-

TOTAL

-

73,10

-

-

85

10.240

15

v  Les eaux souterraines

Le bassin dispose d'importantes ressources en eau souterraines exploitées depuis des siècles pour l'irrigation et l'alimentation en eau potable par des khettaras et des puits. En plus de l'alimentation en eau potable, l'exploitation des nappes par des puits et forages modernes a permis un important développement hydro-agricole dans le bassin. Le tableau ci-après donne les volumes annuels prélèvés dans les principales nappes du bassin.

Prélèvements à partir des nappes

NAPPE

Prélèvement (Mm 3 )

TOTAL TOTAL
Mm3/an

AEPI
IRRIGATION

Haouz

30

365

395

Mejjate

7,5

57

64,5

Bahira

9

36*

45

TOTAL

46,5

458

504,5

 

L'utilisation de l'eau

v  L'eau potable

Les prélèvements actuels pour l'alimentation en eau potable et industrielle des agglomérations du bassin sont évalués à près de 80 Mm3/an. Les eaux souterraines y contribuent à hauteur de 60 %.

En milieu urbain, l'alimentation en eau potable et industrielle de Marrakech est assurée à partir de la nappe du Haouz (17,5 Mm3 /an) et du canal du Rocade (31 Mm3/an). La dotation qui lui est réservée à partir du complexe Hassan 1er et Sidi Driss est de 40 Mm3 /an. La ville d'El Kelaa prélève 1,5 Mm3/an à partir des eaux souterraines et environ 0,8Mm3/an d'eau de surface à partir du canal de Rocade.

Utilisation de l'eau

Eau de surface

Eau souterraine

TOTAL ( Mm 3 /an )

•Milieu urbain

  Marrakech

  El Kelaa

  Autres centres

• Milieu rural

•Industrie isolée

 

17,5

1,5

14

13,5

-

 

31

0,8

-

-

2

48,5

2,3

14

13,5

2

Total

46,5

33,8  

80,3  

Les autres centres sont alimentés exclusivement à partir des eaux souterraines particulièrement à partir des nappes du Haouz, du Mejjate et de la Bahira pour un volume global de 14 Mm3/an .

En milieu rural et depuis le démarrage du PAGER en 1995, le taux d'accès à l'eau potable ne cesse de s'améliorer. L'approvisionnement en eau potable des populations rurales est assuré exclusivement à partir des eaux souterraines. Le volume prélevé à partir des principales nappes  s'élève à 13,5 Mm3 /an.

Concernant les industries isolées, la mine de Guemassa prélève un volume de l'ordre de 2 Mm3 /an à partir de la retenue du barrage Lalla Takerkoust. 

v L'irrigation

La superficie totale irriguée dans le bassin s'élève à près de 226 466 ha avec des besoins en eau évalués à 1.245 Mm3/an dont 360 Mm3 au profit de la grande hydraulique (PTI) et 885 Mm3 pour les périmètres de petite et moyenne hydraulique.

Périmètre

Superficie (ha)

Eau de surface (Mm3)

Eau souterraine (Mm3)

Grande Hydraulique

PMH

41 129

185 337

325

462

 35

423

TOTAL

226 466

787

458



18/10/2007
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