Bassin Hydraulique de Guelmim du Draa
PRESENTATION
D'une superficie globale de 10.000 km², l'unité de Guelmim est composée des bassins versants des oueds Assaka, Bouissafen et Aoréora. Ce système hydrographique débouche dans une plaine d'une pente régulière et faible (0.5 %) où se pratique un épandage naturel des eaux de crues dérivées par des barrages importants : Ait Ahmed, Ait Messaoud, Ait M'hand, Oum Aghanim et Ouaroun.
La population du bassin de Guelmim s'élève à 213.000 habitants dont 58% en milieu urbain et 42% en milieu rural. Cette population serait en l'an 2020 de 296.000 habitants dont 64% en milieu urbain et 36% en milieu rural.
Le climat dans le bassin de Guelmim est pré saharien où la température bénéficie de l'influence océanique.
La température moyenne mensuelle varie de 15°C en janvier à 25°C en Août. Sur les reliefs les températures peuvent descendre au dessous de 0°C en hiver et dépasser 40°C en été.
La pluviométrie moyenne est de 145 mm/an. Elle décroît d'ouest à Est et du Nord au Sud de 170 mm à 100 mm . Il pleut entre 5 jours et 15 jours par an.
L'évaporation est estimée à 3017 mm/an.
L'agriculture est l'activité économique principale dans le bassin de Guelmim. Les cultures pratiquées sont l'orge, le blé, le maraîchage, la luzerne, les palmiers et l'olivier.
Les systèmes agricoles, localisés essentiellement dans la plaine de Guelmim, concernent :
- des palmeraies traditionnelles irriguées à partir de sources ;
- des périmètres d'épandage des eaux de crues;
- des exploitations individuelles irriguées par pompage dans la nappe (système en cours de développement) ;
- l'agriculture bour non irriguée.
L'élevage nomade de camelins et le commerce constituent également des activités importantes dans cette région.
RESSOURCES EN EAU
Les eaux de surface
Les apports calculés au niveau d'Assaka, drainant une superficie de 6500 km2, sont de 62 Mm3/an. Près de 50% de ce volume sont apportées par les bassins de l'oued Sayed, et le reste par les oueds Oum Lachar, Noun et le bassin complémentaire d'Assaka.
Bassin |
Superficie (Km 2 ) |
Apport moyen (Mm 3 ) |
O. Seyad jusqu'à Taghjijt O. Seyad de Taghjijt à Fask O. Seyad de Fask à Guelmim |
1400 1060 460 |
14.5 11.0 4.8 |
Oum Lachar à Tagant Oum Lachar de Tagant à Guelmim
|
280 650
|
2.9 6.7
|
Oued Noun |
1740 |
12.7 |
Bassin complémentaire jusqu'à Assaka |
910 |
9.4 |
TOTAL |
6500 |
62.0 |
Dans l'état actuel d'aménagement du bassin, 27 Mm3/an sont dérivés par les barrages de dérivation, seuils traditionnels et par épandage naturel de crues, de sorte que l'apport résiduel à Assaka n'est que de 35 Mm3/an.
Les eaux souterraines
L'aquifère de la plaine de Guelmim constitue la réserve la plus importante des ressources en eau souterraine de la zone. Elle est constituée de dépôts plio - quaternaires d'origine variée répartis de manière hétérogène sur les formations schisteuses de l'Acadien. Les formations les plus intéressantes de cet aquifère du point de vue ressources en eau sont :
• Les schistes à imprégnation calcaire et les calcaires lacustres dans lesquels on peut capter des écoulements souterrains particulièrement productifs, correspondant à des chenaux karstiques.
• Un ensemble de dépôts continentaux constitué de marnes sableuses, de conglomérats, de limons déposés sur les glacis et les cônes de déjection en bordure des reliefs et des lits d'oueds. Ces formations de faible perméabilité permettent cependant l'infiltration d'une partie des eaux de ruissellement.
Sur les reliefs, les formations calcaires et dolomitiques du "géorgien" sont intéressantes sur le plan hydrogéologigue. Elles occupent le nord du bassin des oueds Oum El Achar et Ifrane, et le bord du Jbel Guir au sud. En bordure de la plaine, elles disparaissent sous le recouvrement d'âge plio-quaternaire qu'elles alimentent par abouchement à travers les schistes fracturés de l'acadien.
L'aquifère de la plaine de Guelmim a fait l'objet d'une étude de modélisation. La recharge naturelle de la nappe est de 22.2 Mm3/an (régime permanent). Cette ressource est suffisante pour satisfaire les besoins en eau potable à long terme moyennant une gestion rationnelle limitant les prélèvements agricoles.
QUALITE DES RESSOURCES EN EAU
A l'exception des écoulements épisodiques engendrés par les précipitations limitées en intensité et dans le temps, les eaux de surface sont rares voir inexistants. La qualité de l'eau de surface dépend notamment de la nature des terrains traversés et la durée de contact de l'eau avec les terrains.
Les eaux souterraines sont de bonne qualité à l'amont de Guelmim, dans la vallée de l'Oum Lachar jusqu'à la plaine de Bouizakarne-Timoulay et dans le Fask. Cependant dans la région Sud, où le climat est aride et l'évaporation est élevée, le taux de salinité augmente.
MOBILISATION ET UTILISATION
DES RESSOURCES EN EAUL'effort de mobilisation
v Les eaux de surface
Les eaux de surface pérennes sont dérivées au fil de l'eau alors que les eaux de crues sont mobilisées au moyen de barrages de dérivation.
Les principaux affluents de l'oued Assaka (Seyad et Oum Lachar) ont fait l'objet d'aménagement constitué d'une batterie de 7 barrages de dérivation pour l'épandage de crues. Le débit dérivé est véhiculé par des canaux de gros calibre en tête de périmètre où l'épandage se fait naturellement profitant ainsi de la topographie régulière de la plaine.
Barrages de dérivation
bassin |
Barrage/ Périmètre |
Superficie Ha |
Débit |
Volume dérivé |
Seyad |
Ait Hmad Ait Messoud Id M'haned |
2500 1500 1500 |
30 30 14 |
3.3 4.2 1.6 |
Seyad |
Oum Ghanim-Ouaroun |
4000 |
40 |
2.0 |
Oum Laacher |
Oum Laacher Tagant |
2000 1000 |
30 30 |
5.4 10.5 |
TOTAL |
|
12500 |
174 |
27.0 |
Le volume annuel moyen dérivé dans le bassin Assaka est de 27 Mm3/an. La capacité totale de dérivation des barrages est de 174 m3/s pour satisfaire les besoins en eau d'irrigation d'une superficie dominée de 12500 ha . Le volume effectif dérivé est de 16,5 Mm3/an. Le volume restant (10.5 Mm3) est dérivé traditionnellement pour l'épandage naturel sur une superficie de 19 400 ha .
La recharge naturelle des nappes souterraines à partir de l'épandage de crues est évaluée à 15 %, soit environ 4 Mm3/an.
Dans les bassins de Bouissafen et Aeroera, l'épandage est traditionnel. Les volumes dérivés sont de 7,2 Mm3/an(Bouissafen) et 3 Mm3/an (Aeroera).
v Les eaux souterraines
Les eaux souterraines sont utilisées pour l'irrigation des périmètres traditionnels et des fermes modernes. Elles servent également à l'alimentation en eau potable de la région de Guelmim et de Tantan.
Les périmètres traditionnels de superficie estimée à 2.000 ha environ, sont localisés dans les hauts bassins (Taghjijt, Ifrane de l'Anti Atlas) et dans la plaine (Fask, Tagant, Tirhmert, Asrir, Taourirt … Assaka). L'irrigation de ces périmètres s'effectue à partir des sources ou des résurgences qui sont captées par des ouvrages rustiques et dont les réseaux de distribution sont généralement constitués de seguias en terre
Des fermes modernes se sont développées dans la plaine et bénéficient d'une eau facilement accessible. La superficie totale est de l'ordre de 800 ha . Le système de mise en valeur agricole dans ces fermes est orienté principalement vers l'élevage laitier sur la base de la luzerne. Le maraîchage et l'arboriculture fruitière sont également pratiqués.
La ville de Guelmim est alimentée à partir du champ captant de l'oued Seyad (six puits) d'un débit total équipé de 125 l/s dont 50 l/s alimentent la ville de Tantan par une adduction longue de 106 km .
Le centre de Bouizakarne est alimenté en eau potable à partir d'une source d'un débit de 6 l/s, et un forage de 20l/s. Le centre de Taghjijt est desservi à partir d'un puits dans la nappe de Guelmim équipé pour un débit de 9,5 l/s.
L'utilisation de l'eau
Le volume d'eau utilisé dans le bassin du Draa s'élève à 70,5 Mm3 dont :
- 58,8 Mm3 d'eau de surface utilisés en totalité pour l'irrigation ;
- 11,7 Mm3 d'eau souterraine utilisés à raison de 68% pour l'irrigation et 32% pour l'AEPI.
Le volume d'eau affecté à l'AEPI s'élève à 3,7 Mm3 exclusivement en eau souterraine. La couverture des besoins actuels est assurée totalement.
En milieu rural, le taux d'accès à l'eau potable est passé de 14% en 1994 à 95% en 2002.
Le volume d'eau affecté à l'irrigation s'élève à 66,8 Mm3 dont 58,8 Mm3 (soit 88%) d'eau de surface et 8 Mm3 (soit 12%) d'eau souterraine. Ces volumes utilisés ne couvrent que 43% des besoins évalués à 155,6 Mm3.