Abou Al Hassan Al Ash'ari
Abou Al Hassan Al Ash'ari
Issu d'une famille arabe yémenite, grand savant et jurisconsulte musulman, Abou al-Hassan AL ASH’ARI est né en 270 de l’hègire et mort en 324. Il est le fondateur de l’école Ash’arite . |
Abou al-Hassan AL ASH’ARI fut un des meilleures disciples d’Al-Djubba’i, chef du mu’tazilisme en 303 de l’hègire. Il fut connu par son intellectualisme profond, sa grande expérience dans l’art de l’argumentation et sa renommée dans « Ilm Al – Kalam ». Al Ash’ari menait une vie ascétique et simple. Il aurait pu prendre la succession au pouvoir de son maître, Al-Djubba’i, s’il n’avait pas choisi de suivre le parti des gens de la Sunna (ahl al sunna).
Nombreux furent les récits aussi bien sur les raisons de son abdication de la doctrine Mu’tazilite que sur sa conversion. Al Ash’ari, assoiffé de savoir,s'évaluait intellectuellement au fil du temps et se sentait disposé à adopter une nouvelle approche, celle de l’absolu. Il fut aussi attiré par l’argumentation rationnelle (Ilm AL kalam). On rapporta par ailleurs qu’il aurait eu des visions du Prophète Mohammad et reçu l’ordre d’adhérer à la véritable tradition.
Cette conversion d’Al Ash’ari, qui avait alors atteint la quarantaine, dessina clairement sa nouvelle position qui ne s’accordait plus avec les thèses dogmatiques des mu’tazilites et qui défendait, par contre, ses croyances adoptées de l’interprétation du Coran et de la Sunna. Les théologiens qualifient cette étape de sa vie de la plus dangereuse et la plus audacieuse, vu son retrait des Mu’tazilites et sa confrontation avec eux.
Al Ash’ari s’opposait aux courants Mu’tazilites sur beaucoup de points essentiels :
- la connaissance, la parole, la vue… sont des attributs éternels de Dieu, selon Al Ash’ari. Les Mu’tazilites, par contre, déclaraient que Dieu n’avait pas d’attributs distincts de Son essence.
- L’interprétation des expressions Coraniques : la main, le visage de Dieu ont le sens de « grâce », « essence », selon les Mu’tazilites. Bien qu’Al Ash’ari affirmât qu’il n’y avait pas de signification materielle,physique, il soutenait, cependant, que ces expressions étaient des attributs réels dont la nature exacte demeure inconnue…
- Les opinions des Mu’tazilites et d’Al Ash’ari divergeaient aussi sur la création du Coran . Pour les Mu’tazilites, le Coran est une création de Dieu alors que pour Al Ash’ari, le Coran, attribut éternel, ne peut être la création de Dieu: Il est Sa parole.
- Contrairement aux Mu’tazilites qui déclaraient qu’on ne pouvait pas voir Dieu au sens littéral du terme, autrement cela impliquerait qu’Il est de nature corporelle et limitée ; Al Ash’ari soutenait que la vision de Dieu dans l'Au-delà était une réalité dont la manifestation demeure mystérieuse.
- La réalité du choix dans les actes humains : Les Mu’tazilites accordaient une grande importance au libre-arbitre. Al Ash’ari, par contre, insistait sur l’omnipotence de Dieu. Selon lui,les événements ,bons ou mauvais, dépendent de la seue volonté de Dieu . Il est à la fois le créateur des actions des hommes et de leur pouvoir d'agir en toutes circonstances ( ceci constitua plus tard la doctrine de « l’acquisition » (kasb) chez les Ash’ariyya).
- Selon la doctrine des Mu’tazilites Al-manzila bayn al-manzilatayn (l’état intermédiaire entre la foi et la mécréance) , tout Musulman coupable d’avoir péché n’était ni croyant ni incroyant. Al Ash’ari pensait que le fait qu’un Musulman ait péché ne l’empêchait pas d’être croyant, mais qu’il était exposé à être puni en enfer.
-Tandis-que les Mu’tazilites niaient ou interprétaient rationnellement la réalité de divers faits eschatologiques, le Bassin, le Pont, la Balance, et l’intercession de Muhammad, Al Ash’ari la maintenait.
Bien qu’il ne fût pas le premier à appliquer le Kalam ou argumention rationnelle pour défendre la doctrine orthodoxe, la plupart des adeptes de celle-ci ont apprécié sa démarche .
Al Ash’ari a écrit de nombreux ouvrages où il exposa son refus de la pensée Mu’tazilite et défendit sa propre doctrine : Makalat al-Ilamiyyin, Al-Ibana An Osol Ad-diana, Risalat istihsan al-khawd fi ‘ilm al-kalam, Al-luma’ … On dit qu’il a écrit quatre-vingt dix-neuf ouvrages religieux.