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Moulay Zidane, Roi du Souss [1604-1606]

Moulay Zidane, Roi du Souss [1604-1606]



Après que Moulay Zidane est installé dans le Sous, cette contrée qui au cours de tous les temps passés avait été la province du Maroc la plus inquiète et la plus rebelle devient la seule paisible et bien gouvernée du royaume. Toutes les autres contrées, se trouvant alors sous l’autorité des deux autres frères, restent très agitées et pleines de tous les tumultes “.

Fiscalité excessive, cause de révoltes

Cependant, à peine établi dans le Sous, Moula>’ Zidane soumet le pays à de lourds impôts plus grands que son père en avait jamais demandés, tant et si bien que Sidi Abdallah ou Mbark 0e Saint d’Aqqa lui ayant obtenu la royauté du Sous) réprouve ses agissements comme le fait aussi le qaîd Azzouz qui avait mené les négociations avec Moulay Abou Parès. Le Saint et le Qafd ne réussissent pas à conseiller ni à diriger Moulay Zidane pour son propre bien et le profit de l’Etat car ce prince est têtu et n’accepte les conseils de personne, n’agissant que selon sa référence mais à son préjudice. Rebutés par un tel entêtement, Sidi Abdallah ou Mbark et le qaïd Azzouz se retirent : le Saint regagne la Zaouïa d’Aqqa pour y repren- dre sa vie ascétique quant au Qaïd, il retourne au château fort qu’il possède dans les montagnes (Siroua), là où il a amassé de grands biens et vit en sûreté (S. !., Anglete,re 11, 352, 376, 380).

Par les exigences de sa gestion, Moulay Zidane provoque les révoltes des montagnards de l’Atlas ceux-ci, bons soldats et excellents tireurs dont l’habitat est naturellement défensif, trouvent son joug trop lourd et bien peu le respectent, lui ou son pouvoir, ils se défendent les annes à la main donnant souvent bien du fil à retordre au nouveau roi. Quant aux habitants du piémont et à ceux de la plaine, eux aussi éprouvent la rudesse de son autorité mais, sachant leurs gorges à sa merci, ils n’osent se rebeller ouvertement et sont maintenues sous le joug.

Nouvelle fuite vers le Sud (1605)

Le mécontentement des tribus campagnardes est entretenu par les secrètes manoeuvres de Moulay Abou Farès, redoutant que son frère Moulay Zidane devienne puissant par l’accroissement de son Trésor et du nombre de ses partisans.

Au cours de l’été 1605, Moulay Zidane qui se trouve alors non loin de Marrakech, soupçonne les sentiments de son frère Moulay Abou Farès à son égard et découvre par ruse ses vraies dispositions rédigeant une lettre comme si elle émanait du principal chef de ces régions montagneuses de l’Atlas, il la fait parvenir à son frère Abou Farès ; cette lettre est pleine d’hommages et de respects, le rédacteur présumé y offre en outre d’envoyer la tête de Moulay Zidane qui campe alors dans son pays, au pied des montagnes. Moulay Abou Farès répond sans retard à cette lettre, avec de grands remerciements et la promesse d’une large récompense en or si un service de si haute importance lui est rendu (Angleterre 11, 354-355).

Dès que Moulay Zidane reçoit cette réponse lui révélant les secrètes intentions de son frère, il lève le camp pour se retirer dans les oasis au Sud de l’Atlas ; il va à Sijilmassa (Tafilalt) et dans le pays de Dra où il reste, percevant les impôts, recueillant de l’argent et des hommes. Deux mois se passent ainsi, au cours desquels des pourparlers de paix ne mènent à aucun rapprochement entre les deux frères ennemis (Angleterre Il, 355) mais Abou Farès (roi de Marrakech) ayant à lutter au Nord de l’Atlas contre son frère El-Mamoun (roi de Fès), Zidane peut recouvrer le royaume du Sous.

Moulay Zidane s’empare de Sijilmassa et du Dra (1606) En 1606, Moulay Zidane - toujours roi du Sous et qui n’a jamais désarmé - s’insurge à nouveau contre son frère Abou Farès, roi de Marrakech ; avec un petit nombre d’hommes, il s’empare du Tafilalt où il trouve beaucoup d’or et de richesses, il conquiert aussi le Dra et s’empare du Tadla. Tout le Maroc est en pleins troubles et l’on ne peut savoir qui deviendra maître du royaume entier (S. !. Pays-Bas 1, 160, 167, 467).

Peut-être est-ce en songeant à cette époque (1606) que le Qadi de Taroudannt écrira plus tard à Sidi Yahya (de la Zaouïa de Zouddarha) : il rappellera les souffrances des gens du Dra qui ont vu leurs biens mis au pillage, leurs hommes libres emmenés en esclavage, leurs femmes violées... En ce temps-là, le Cheikh (lequel ?) lui avait adressé une consultation au sujet de tous ces actes mais aucun des personnages qui sont éclairés par la science n’avait pu peser du poids d’une goutte d’eau sur les décisions dc ceux qui avaient mis le Dra dans cette triste situation.

Cependant poursuit le Qadi de Taroudannt - si parmi les gens du Dra, les notables savaient tous le Qoran, la masse était composée de simples d’esprit et les simples d’esprit seront les plus nombreux au Paradis... Eh bien ! est-il digne d’opprimer ainsi de futurs bienheureux et de n’avoir point pitié d’eux ? (Oufrani, II, 383). Cette lettre non datée du Qadi de Taroudannt ne permet pas de distinguer exactement l’époque où les gens du Dra avaient subi d’aussi grandes épreuves mais elle a l’intérêt de mettre en évidence l’état de servitude où s’était trouvé le Dra car les habitants laborieux et tranquilles de cette malheureuse province ont eu bien souvent à subir les excès de divers prétendants et de leurs troupes qui les pillaient, les rançonnaient et les tuaient sans merci.

Il est à remarquer que les réflexions du Qadi de Taroudannt attestent un esprit profondément mystique en accordant plus de valeur spirituelle aux gens simples et illettrés - Berbères ignorant l’arabe, langue du Qoran qu’aux gens instruits, notamment à ceux qui savent le Qoran et connaissent les préceptes de l’Islam mais sont peut-être moins imbus de spiritualité et de mysticisme.



12/10/2007
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