Biographies des Tariqas
Biographies des Tariqas
Tariqa Jilalia (Fès)
La Tarika Jilalia est une voie spirituelle très répondue dans le monde musulman. Elle fut fondée au 12ème siècle par le grand saint Moulay Abdelkhader Jilani en Irak. Il est considéré parmi les éminents théologiens et grands maîtres du soufisme. Les centres se rattachant à son école se propagèrent partout, surtout en occident musulman. La voie Jilalia, dite aussi Kadiria, donne une importance à l'épanouissement spirituel de l'être à travers la pratique du dikr, du samâa et de la recherche continue de la noblesse du comportement. Les groupes de la Tarika utilisent des instruments musicaux dans les séances de samâa, tels le bendir, la Qasba, et le tbel. Le groupe qui animera allaia (la soirée), est composé du Moqaddem Abdelkhader Mouiha, les artistes Mohamed Kassab, Abderrahim Marrakchi, Daoudi Kacem Benjelloun, et Messari Idriss. Ce sera une belle veillée jalonnée de kassidas
La Khamria Sqalliya (Fès)
Les chorfas Sqalli de Fès sont les descendants du vénéré saint Moulay Ahmed Sqalli. La zaouia Moulay Ahmed Skali a été fondée au 17e siècle. C'est aujourd'hui encore un lieu où l'on pratique d'une façon régulière le dhiker et le samaâ. Ces séances donnent souvent lieu à des danses extatiques appelées ivresse spirituelle ou Khamria.
Tariqa Aïssawas - sélection des M'Kaddemines (Fès)
La confrérie religieuse des Aïssawas, descendant du Sheikh Mohamed Ben Aïssa, disparu en 1526 à Meknès, tire ses origines de la tradition soufie. A sa mort, ses disciples ont continué l'éducation des mouridins (volontaires) dont la principale activité consistait à lire et réciter le Coran et psalmodier des hymnes à la gloire du Prophète Mohamed. Les musiques et les chants des Aïssawas, pratiquées avec des percussions, de grandes trompes et des voix, divisées en solistes et chœurs, sont réputées pour leurs vertus thérapeutiques et leur aptitude à provoquer des effets de transes spectaculaires chez les participants. La saison de la célébration du culte du sheikh fondateur, qui a lieu tous les ans à l'occasion de la fête du mouloud, est un grand moment où se réunissent tous les membres de la confrérie, venus de tout le Maroc. Sous l'influence du malhoun et de la musique arabo-andalouse, la musique des Aïssawas de Fès est plus raffinée que celle de ses autres branches confrériques marocaines.
Tariqa Kettania - Saad Temsamani (Tanger)
Baignant depuis son enfance dans le vaste patrimoine de chants et de musiques des confréries soufies, Saâd Temsamani est dépositaire d'un savoir spécifique au Maroc. Petit-fils du sheikh Mohamed Temsamani de Tanger, il s'initie au sein de la zaouïa Kettania aux chants soufis et complète ensuite son apprentissage par l'étude de la musique andalouse. Sous sa direction, l'ensemble de la confrérie Kettania présentera un florilège de chants traditionnels spirituels de la tradition soufie telle qu'elle se perpétue dans les zaouïa marocaines.
Tariqa Harraquia - Groupe de femmes Faqirates (Tétouan)
Fondée il y a près de deux siècles, par le Saint Sidi Mohamed El Harraq de Tétouan, élève du saint Moulay Larbi Darkkaoui, elle est dirigée actuellement par le Saint Sidi El Ghali Harraq petit fils du sheikh. La zaouïa regroupe chaque vendredi des récitants, musiciens pour des chants religieux et des hadra (danses). Ces séances peuvent parfois comprendre des échanges intellectuels autour des textes coraniques et soufis. C'est l'une des rares confréries au Maghreb où l'on associe l'utilisation des instruments mélodiques au rituel du sama'a (concert spirituel).
Tariqa Ouazzania - Groupe Addakirines (Ouazzane - Rabat)
Il est rapporté que le grand théologien Mohyidin Annawawi Achafiyi (13-14e s.), venant de l'Orient, fonda une zaouïa dans le désert algérien qu'il nomma zaouïa Touat. Les disciples s'y réunissaient pour les prières, le samaa et une récitation sacrée dite Hizb Touat. Puis fût fondée une autre zaouïa, au Maroc, dans la tribu Tazarine. Par la suite, la tradition des chorfas de Ouazzane, avec Moulay Abdellah Cherif (17e s.) et ses descendants, perpétua la lecture du Hizb Touat et du samaa. Plusieurs autres zaouïa apparurent dans les grandes villes, dont cinq à Fès.
Tariqa Hamdouchia (Fès)
La confrérie des Hmadcha se rattache au Saint Ali Ben Hamdouch, qui vécut au 17ème siècle, sous le règne du souverain marocain Moulay Ismaïl, contemporain de Louis XIV. La lila (soirée) débute avec l'entrée traditionnelle avec les étendards de la confrérie, accompagnés d'incantations et de louanges au Prophète. Puis sont entonnés des qasida (poèmes). Les chants et les danses s'amplifient et atteignent leur paroxysme, pour reprendre à nouveau par de nouvelles invocations et incantations.
Goubbahi des Debbaghas accompagné de l'Orchestre Soussi du Malhoun de Fès
L'ensemble des Debbagha, à l'origine une corporation des tanneurs, utilise un répertoire de chants et de rythmes appelé goubbahi qui se rattache au style du malhoun, très connu au Maroc. Al malhoun est la forme la plus élaborée de versification en arabe dialectal marocain. Les origines de ce vaste corpus de poèmes, oscillant entre style populaire et savant, conservé à travers des traditions de chants et de manuscrits, remontent au XIIème siècle, à la région de Tafilalet, au sud du Maroc. C'est à des chanteurs ambulants, appréciés pour leurs panégyriques et récitations des histoires coraniques, agrémentés des multiples rajouts de l'imaginaire populaire, que sont liées les traces les plus anciennes du malhoun, apparu sous la dynastie des Almohades. Avec l'intérêt des érudits citadins et des lettrés, le malhoun incorporera plus tard les apports de la poésie classique et du zajal andalou. La qasida du malhoun traite des divers thèmes de la vie sociale et religieuse et, dans ce dernier registre particulièrement, exprime diverses manifestations de la foi, à travers les invocations d'Allah et les éloges du Prophète. Sous ces derniers aspects, des liens solides et anciens sont conservés avec les confréries religieuses, liens qui, bien souvent, se recoupent avec ceux tissés entre les corporations.