Bassin Hydraulique du Draa
PRESENTATION
Le bassin de Draa est composé de deux unités hydrauliques : le Haut et moyen Drâa et le bas Drâa.
v Le haut et moyen Draa
L'unité du haut et moyen Drâa s'étend sur une superficie totale de 29.500 km². Elle correspond au haut bassin de l'Oued Draa situé en amont du barrage Mansour Eddahbi et à la moyenne vallée du Draa irriguée à partir de ce barrage jusqu'au niveau de M'hamid.
Administrativement, cette unité couvre une grande partie des provinces de Ouarzazate et Zagora. La population de ce sous bassin s'élève à 616.000 habitants dont 82% en milieu rural. La population rurale est très concentrée dans les périmètres irrigués. En l'an 2020, la population de cette zone serait de 807.544 habitants dont 65% en milieu rural.
Le climat est très aride. Il est caractérise par des hivers rigoureux (entre – 7°C et –1°C) et des étés chauds ( 40°C ).
La pluviométrie moyenne annuelle est de l'ordre de 300 mm dans le massif du haut Atlas, 200 mm dans les vallées, 120 mm sur le plateau de Ouarzazate, et 60 mm à Zagora. Les périodes pluvieuses s'étalent entre Septembre et Mai et le nombre de jours de pluie varie entre 30 et 40 jours par an.
L'évaporation est forte, elle est de l'ordre de 2000 à 3000 mm/an.
L'agriculture à caractère traditionnel et à but substantiel constitue l'activité principale de cette zone, grâce au grand barrage Mansour Ebdahbi édifié en 1972 qui régularise les apports relativement abondants et réguliers de l'oued Draa, alimenté à partir des sommets du Haut Atlas.
Les provinces de Ouarzazate et Zagora sont les mieux dotées en ressources. La superficie irriguée est de 26.000 ha dans la vallée entre Agdz et M'hamid.
La petite et moyenne hydraulique est concentrée dans les hautes vallées du Dadès, du Mgoun et de l'oued Ouarzazate et concerne une superficie estimée à 18.000 ha . La production agricole est aléatoire et dépend des conditions climatiques qui régissent l'écoulement des oueds et des sources, notamment dans les parties aval des vallées.
Concernant le secteur minier, la zone renferme 5 mines : Mine d'Imiter (argent), mine de Bleida (cuivre), mine de Imini (manganèse), mine de Tiouit (cupro-auro-argentifère) et mine de Bouzzer (cobalt-argent-chromite).
Le secteur touristique connaît un grand développement dans la province de Ouarzazate aux sites naturels diversifiés (palmerais, oasis, sable….).
v Le bas Draa
Le Bas-Drâa s'étend sur un bassin versant d'une Superficie totale de 63.000 km2. Il est situé entre le barrage de Bounou dans la palmeraie de M'hamid et l'embouchure de l'oued Drâa dans l'Océan.
L'unité du Bas-Drâa renferme les provinces de Tata, Assa-Zaag et Tantan. Cette unité est très peu peuplée : 269.000 habitants dont 50% en milieu rural concentrés dans les "foums" et dans les hautes vallées étroites du versant Sud de l'Anti Atlas. Cette population serait en l'an 2020 de 356.800 habitants dont 45% en milieu rural.
Les principaux affluents de l'oued Draa dans cette zone sont issus de l'Anti-Atlas et traversent les chaînes des Bani (une série de basses chaînes quartzitiques parallèles) à travers des gorges appelées Foums. Celles-ci sont séparées par les Feijas , une sorte de plaines quaternaires à substratum schisteux. Ces "Feijas'' renferment des aquifères qui sont exploités au débouché des Foums, pour l'irrigation des palmeraies.
Le bas Draa est caractérisé par un climat très aride , de type saharien avec des étés chauds ( 44°C à Tata) . la pluviométrie moyenne est de 150 mm sur les sommets de l'Anti-Atlas,e 80 mm à la sortie des foums et 90 mm à Tata. Le nombre de jours de pluie est très réduit (10 jours par an).
L'agriculture constitue l'activité principale, elle est de type traditionnel et se pratique dans de petits périmètres irrigués ou dans de petites palmeraies. L'apparition d'une agriculture moderne basée sur le pompage dans la nappe dans certains foums notamment Foum Zguid, a conduit à l'assèchement des khettaras traditionnelles et à la surexploitation de la nappe.
Dans la basse vallée de l'oued Draa, l'activité dominante est le nomadisme pastoral. Les cultures pratiquées concernent les céréales le long du lit de l'oued et sur ses bordures très plates, là où la vallée est large de 2 à 3 km .
Les deux villes de Tantan et Guelmim jouent un rôle économique, commercial et administratif important.
RESSOURCES EN EAU
Les eaux de surface
v Le haut et moyen Draa
Le Haut Draa qui s'étend sur une superficie de 15.200 km² est drainé du coté Est par l'oued Dadès et son principal affluent l'oued M'Goun et du coté Ouest par les oueds Ouarzazate et Douchène. Le réseau hydrométrique est composé de 14 stations hydrométriques installées sur l'oued Draa et ses affluents.
Dans le Moyen Draa, les apports moyens annuels au barrage Mansour Ebdahbi sont de 415 Mm³ , le régime des apports est caractérisé par une grande irrégularité et l'apparition de périodes sèches sur plusieurs années successives. En effet, l'analyse de la série 1973 à 1994 fait ressortir que l'apport moyen est de 375 Mm³/an, avec :
Oued |
Station |
Bassin km 2 |
Apport Mm 3 |
Dades M'Goun Dades Ouarzazate Douchene |
Aït Moutade Ifre Tinouar Tifoultoute Assaka |
1.525 1.239 6.680 3.507 1.387 |
105 128 242 134 13 |
-
une période sèche de 5 années (1982 à 1987), pour laquelle l'apport total n'a été que de 375 Mm³, soit une moyenne de 75 Mm³/an;
-
La période (1987 à 1990) pour un apport total de 3375 Mm³, soit une moyenne de 1125 Mm³/an.
Le bassin intermédiaire entre le barrage Mansour Eddahbi et M'Hamid peut générer des crues rares et aléatoires qui totalisent un apport moyen annuel compris entre 30 et 40 Mm³/an.
v Le bas Draa
L'analyse des données pluviométriques issues des stations disponibles fait ressortir les apports moyens annuels indiqués au tableau ci-après.
L'apport moyen annuel au niveau du site du barrage de Guelta Zerga, est évalué à 55 Mm3/an environ.
Le ruissellement sur le bassin complémentaire du bas Drâa génère un apport moyen de l'ordre de 120 Mm3avec une très forte variabilité inter annuelle.
Oued |
Bassin km 2 |
Apport Mm 3 |
Foum Zguid |
3.730 |
32,7 |
Tissint |
3.500 |
30,7 |
Si-Rezzoug |
190 |
1,6 |
Tata |
1.940 |
17,0 |
Akka |
2.190 |
19,2 |
Ait Ouabelli |
1.520 |
13,3 |
Icht |
160 |
1,4 |
Foum El Hassn |
1.520 |
13,3 |
Au total, les apports à Guelta Zerga seraient de 175 Mm3/an.
Les eaux souterraines
v Le haut et moyen Draa
Dans le Haut-Atlas, les eaux souterraines donnent lieu à la grande partie des écoulements pérennes des oueds qui sont abondants. Ces ressources en eau sont mieux régularisées à l'Est (Oueds Dadès et Mgoun) où dominent les terrains calcaires qu'à l'Ouest (Oued Ouarzazate) où des terrains du socle métamorphique et granitique sont moins perméables.
Dans le bassin de Ouarzazate, les potentialités en eau souterraine correspondent à deux secteurs : occidental et oriental.
Les principales nappes du secteur occidental du bassin de Ouarzazate , sont :
• La nappe alluviale de Tikirt qui circule dans des formations plio-quaternaires très hétérogènes. Le prélèvement est de l'ordre de 50 l/s ; le surplus alimente la nappe de Ourzazate en aval. La qualité des eaux de cette nappe est altérée; la salinité varie de 1g/l à 4g/l .
• La nappe alluviale de Ouarzazate qui est située dans le prolongement de la nappe de Tikirt, qui circule dans des formations plio-quaternaires hétérogènes dont l'extension latérale est réduite. L'alimentation est estimée à 200 l/s alors que les prélèvements sont de l'ordre de 130 l/s. La salinité de l'eau passe de 2 g/l en amont à 4 g/l en aval.
• La nappe crétacée de Tikirt qui circule dans une formation captive entre le substratum de schistes primaires et les marnes sénoniennes du Mio-pliocène. La minéralisation varie de 2 à 4 g/l.
• La nappe tertiaire de Ouarzazate qui circule dans les formations Oligocène et Mio-pliocène et qui semble être en relation avec la nappe de Tikirt. La qualité de cette nappe est très mauvaise, le résidu sec varie de 3 à 10 g/l.
Pour le secteur oriental du bassin de Ouarzazate , les nappes phréatiques circulent dans des conglomérats, des calcaires lacustres et des alluvions récentes ayant des caractéristiques très hétérogènes. Leur alimentation est estimée à 2400 l/s dont 600 l/s par infiltration des pluies et 1800 l/s à partir des sous-écoulements des oueds. Le débit résiduel correspond au débit d'étiage de l'oued Dadès (1 m3/s).
Les aquifères profonds présentent des potentialités réduites du fait de leur qualité médiocre et la difficulté d'accessibilité liée au caractère discontinu de leur gisement et aux profondeurs parfois importantes. La zone de ce secteur qui présente le plus d'intérêt se situe à l'Est de l'Oued Megoun dans l'aquifère oligo-mio-Pliocène entre Kelaa Mgouna et le plateau de Boumalne et l'aquifère cénomano-turonien entre Boumalne et Tinghir.
La moyenne vallée du Draà d'Agdz à M'hamid, se décompose en unités hydrogéologiques quasi indépendantes les unes des autres. La recharge des ces unités hydrogéologiques est assurée à concurrence de 50 % par les excédents d'irrigation. Les origines d'alimentations de ces unités sont indiqués ci-après.
Unité |
Apports Amont |
Apports sout. latéraux Mm³) |
Apports par le Draa (Mm³) |
Apports par Irrigation (Mm³) |
Total (Mm³) |
Mezguita Tinzouline Temeta Fezouata Ktaoua M'Hamid |
0.3 0.5 0.6 0.3 0.5 0.6 |
4.7 7.9 4.4 1.5 6.3 3.0 |
2.3 3.6 1.6 2.3 1.8 1.6 |
4.3 7.0 10.3 6.7 13.7 3.9 |
11.6 22.6 16.9 10.8 22.3 9.1 |
TOTAL |
2.8 |
27.8 |
13.2 |
45.9 |
93.3 |
Le volume total des prélèvements est en moyenne de l'ordre de 40 Mm³/an. Les volumes maximum et minimum enregistrés sont respectivement de 82 Mm³ (1986-87) et 20 Mm³ (1992-93).
v le bas Draa
Les principaux systèmes hydrogéologiques sont localisés au niveau des foums et fonctionnent généralement de la manière suivante :
• En amont des Foums, les formations alluviales des Feijas sont alimentées principalement par infiltration des eaux de crue et accessoirement par les sous-écoulements des oueds à leur sortie des reliefs et les infiltrations à partir des calcaires de l'Anti-Atlas.
• Au niveau des Foums, le niveau piézomètrique de la nappe se rapproche de la surface du sol et peut émerger à la faveur d'un seuil hydrogéologique.
• En aval des foums, la nappe s'étale et s'enfonce jusqu'à la base des alluvions.
L'alimentation et le prélèvement dans les foums sont présentés dans le tableau ci-après.
Unité |
Alimentation (l/s) |
Prélèvement (ls) |
Foum El Hessn-foum Icht Foum Akka Foum Tata-Addis Foum Tissint Foum Zguid Foum Assa-Zaag |
400 600 540 640 400 faible |
500 200 518 440 550 faible |
QUALITE DES RESSOURCES EN EAU
Les eaux de surface
La qualité des eaux de surface varie de l'amont vers l'aval et selon les bassins versants. Les eaux de l'oued Ouarzazate sont de qualité moyenne à mauvaise alors que celle des eaux de l'oued Dades sont de bonne qualité. Le mélange des eaux des deux bassins se fait au niveau du barrage Mansour Eddahbi pour donner une eau de qualité moyenne.
Les eaux souterraines
Les eaux souterraines qui circulent dans les vallées des oueds et notamment dans les lits mineurs et majeurs sont de qualité bonne à moyenne. Le haut Draa présente une eau souterraine de bonne qualité par rapport à celle du moyen et bas Draa.
MOBILISATION ET UTILISATION
DES RESSOURCES EN EAUL'effort de mobilisation
v Les eaux de surface
Pour le développement du secteur agricole, l'Oued Drâa a bénéficié d'un important aménagement en grande hydraulique dont la pièce maîtresse est constituée par le barrage Mansour Eddahbi mis en service en 1972, ayant une capacité initiale de 560 Mm³ et pouvant garantir un volume régularisé de l'ordre de 250 Mm³/an.
Les principaux affluents de l'Oued Drâa (Ouarzazate, Dadès, Mgoun) d'écoulement pérenne assurent l'irrigation d'une superficie totale estimée à 16.300 ha où se pratiquent les cultures de céréales, maïs, luzerne, maraîchage et les arbres fruitiers (rosacées et oliviers).
La majorité des périmètres du Haut Drâa sont irrigués par dérivation des eaux pérennes des oueds au moyen de prises traditionnelles alimentant un réseau de séguias en terre. Seule la palmeraie de Skoura et quelques autres petits périmètres dans le bassin versant de l'oued Hajjaj, affluent de l'oued Dadès, exploitent la nappe phréatique au moyen de khettaras et de puits.
Dans le sous-bassin Aït Douchen, affluent anti-atlasique de l'oued Drâa, un barrage moyen en voûte a été construit en 1956 sur un site très favorable de l'oued Amara et domine un périmètre de 216 ha . Le volume actuel de la retenue est de 2.5 Mm³.
Dans le bassin Moyen Draà, les périmètres de la moyenne vallée de l'oued Drâa qui sont irrigués à partir du barrage Mansour Eddahbi se présentent sous forme d'une série de 6 palmeraies de forme allongée séparées par des Foums s'étendant entre Agdz et M'Hamid et totalisent une superficie nette irriguée de 26.000 ha .
L'irrigation des 6 palmeraies se fait par dérivation des eaux lâchées dans l'oued à partir du barrage Mansour Eddahbi au moyen de 4 seuils de dérivation (Agdz, Tansikht, Ifly et Azaghar), chacun dominant 1 ou 2 palmeraies.
Dans le bas Draà, le mode d'irrigation pratiqué est traditionnel. Les périmètres situés dans les vallées du versant Sud de l'Anti-Atlas sont irrigués à partir des eaux des résurgences dans les oueds qui sont dérivées au moyen d'ouvrages traditionnels dans des seguias en terre.
v Les eaux souterraines
Dans le Haut Draà, les eaux souterraines donnent naissance à la plus grande partie des écoulements pérennes des oueds. Les ressources souterraines les mieux mobilisées pour l'irrigation sont régularisées à raison de 34 Mm3 par les oueds Dadés et Mgoun et de 7 Mm3 par l'oued Ouarzazate, soit un volume total de 41 Mm3/an.
Dans le Moyen Draà, le captage des eaux souterraines contribue à régulariser au total 56 Mm3/an dont 20 Mm3 à partir des résurgences et 36 Mm3 prélevés par pompage.
Dans les bassins des foums, des palmeraies traditionnelles sont irriguées à partir des nappes alluviales captées par des khettaras, des puits et des barrages de dérivation au niveau des résurgences. Le développement d'une irrigation moderne basée sur le pompage excessif dans certains foums (Foum Zguid notamment) accentue le dépérissement des palmeraies traditionnelles.
L'alimentation en eau potable de la ville d'Ourzazate (en partie ), de la ville de Zagora et des principaux centres de la zone (Agdz, Boumalne, Kelaa Mgouna, Skoura et Taznakht) s'effectue à partir des eaux souterraines.
L'approvisionnement en eau potable des populations urbaines de la ville de TanTan et ses localités satellites (plage, port, aéroport) s'effectue à partir de la nappe de Guelmim au moyen d'une adduction de 135 km réalisée par l'ONEP. Les petits centres urbains implantés au niveau des foums : Foum Zguid, Tata, Akka, Foum el Hisn, Assa et Zag sont alimentés à partir des nappes alluviales locales.
L'utilisation de l'eau
Le volume total d'eau utilisé dans le bassin du Draa s'élève à 517,4 Mm3, répartis entre :
• 406,2 Mm3 d'eau de surface utilisés en totalité pour l'irrigation ;
• 110,2 Mm3 d'eau souterraine utilisés à raison de 88% pour l'irrigation et 12% pour l'AEPI.
Le volume d'eau affecté à l'AEPI s'élève à 13,2 Mm3 dont exclusivement en eau souterraine. La couverture des besoins actuels est assurée totalement.
En milieu rural, le taux d'accès à l'eau potable est passé de 14% en 1994 à xx% en 2002.
L'irrigation utilise près de 504 Mm3 dont 406Mm3 d'eau de surface et 97 Mm3 d'eau souterraine. Ces volumes utilisés ne couvrent que 83,5% des besoins évalués à 603,6 Mm3